C'est le titre de ce petit roman qui a attiré mon œil dans le rayon de la librairie.
Nous étions faits pour être heureux....
Un titre auquel on peut donner plusieurs significations... Cela peut être le regard serein de vieilles personnes qui se retournent sur une vie faite de petits bonheurs, une belle vie; cela peut aussi être le constat amer de ceux qui ont tout gâché alors que la vie leur souriait... Mon état d'esprit à ce moment là n'était pas très positif, et j'ai imaginé collé à ce titre une rengaine triste, une histoire d'amour salie, une drôle d'histoire plutôt triste...
Que ceux qui veulent de la légèreté, de la joie et de l'insouciance passent leur chemin.. Cette histoire là est triste. Je ne sais d'ailleurs pas si on peut parler d'une réelle histoire d'amour au sens propre du terme. Il s'agit de la rencontre de deux êtres que tout oppose et qui s'accrochent l'un à l'autre pour des raisons différentes.
Les mots de Véronique OLMI sont simples, mais beaux.. C'est une écriture fluide, une vie se raconte et défile..
Je suis toujours fascinée par cela. Ce qui fait que l'on s'attire, qu'un homme et une femme commencent une histoire, que deux êtres aient l'envie d'être autre chose que des amis. L'attirance est un sentiment, une sensation qui guide les Hommes... Cela me bouleverse et suscite en moi des tas d'interrogations et de tergiversations.
En cela, ce petit roman de Véronique OLMI est magique. Serge a 60 ans, une vie tranquille et confortable, bien rangée au bras d'une femme bien plus jeune que lui, superbe, et qui lui a donné deux beaux enfants. Suzanne, elle, n'est pas une belle femme, pas laide mais pas de ces femmes sur lesquelles on se retourne dans le rue. Elle est accordeuse de piano, a défaut d'avoir su être une grande virtuose... Elle vit avec un homme, l'aime tendrement et simplement, mais s'ennuie sans en avoir réellement conscience.
Ces deux là sont réunis par une circonstance.... Une attirance irrépressible les rend presque inséparables... Leur passion grandi, pour des raisons radicalement opposées: dans les bras de Serge, Suzanne revit, se sent femme et vivante; lui trouve en cette femme une confidente. Elle est une sorte de bouée de survie. Quelques soient les raisons qui font vivre leur passion, ces deux là deviennent indispensables l'un à l'autre, jusqu'à se perdre, car s'ils s'aiment, aussi douloureux que soit leur amour, nourri par des attentes différentes...
Le cours de leur vie est alors ébranlé.. Totalement, irrémédiablement... Ils auraient pu être heureux, parce qu'ils avaient tout pour cela....
"Je lui dis une dernière fois, Je t'aime. Dans ma tête. Je t'aime. Je t'aime. Ca ne sert à rien. Parfois l'amour est partagé. Et on peut bâtir son propre monde. Parfois l'amour, les mêmes mots de l'amour, sont impossibles. Et la vie demeure cette traversée idiote, pleine d'horaires et de faux amis. Et même la musique est une cruauté. Il ne me demande pas si je vais bien. Ce que je fais, comment je vis. Il me regarde avec la déception de l'homme à qui on a injustement coupé la parole. (...). Je l'aime encore. Je l'aimerai toujours. Même lorsque je n'aurai plus de sentiments, que tout m'aura quitté, j'aimerai Serge. (...). C'est un mystère d'aimer ce qui est si imparfait et douloureux." Nous étions faits pour être heureux - Véronique OLMI; éd. Livre de Poche