Je vous fais partager aujourd'hui mes impressions sur ce petit roman d'Hélène Grémillon, petite histoire du passé qui déboule comme un coup de tonnerre, une révolte incroyable dans le présent d'une jeune femme tourmentée.
A la mort de sa mère, Camille reçoit une série de lettres qui lui racontent le passé de celle-ci. Elle en est d'abord étonnée au point de croire qu'il y a erreur, puis peu à peu elle comprend que celui qui lui fait le récit de ce passé qu'elle ne connaissait pas, qui lui confie les pensées propres et les actes de cette mère, lui dévoile le secret le plus incroyable qu'une jeune femme peut découvrir sur la vie de celle qui l'a mise au monde, et par conséquent sur sa propre histoire.
Dans ce récit, des drames, de la joie, de la folie, un peu de bêtise aussi mais surtout une incroyable passion. Cette mère qu'elle a mal connue, qu'elle a mal aimée parce qu'elle s'est cachée d'elle, elle la découvre, dans toute sa force. Ce qu'elle a fait n'est pas très moral, ce qu'elle a fait n'est pas non plus ignoble. C'est juste le seul choix qu'une femme aux aboies a cru qu'elle pouvait faire.
Camille, en découvrant cette vie, sa vérité autant que celle de sa mère, acceptera surement mieux le deuil, et pourra devenir mère à son tour avec plus de sérénité. Les secrets de famille ne sont jamais les meilleurs amis d'une femme qui veut être mère. La sienne l'a compris au moment où elle a appris que Camille était enceinte. Alors elle a choisi de briser le silence, et de s'échapper pour laisser place à l'avenir.
"Annie a toujours fait partie de ma vie. J'avais deux ans quand elle est née, deux ans moins quelques jours et j'avais vingt ans quand elle est morte, vingt ans moins quelques jours. Si à deux ans moins quelques jours on ne sait pas que l'on rencontre l'amour de sa vie, à vingt ans moins quelques jours, on sait quand il meurt. Et on se demande alors pourquoi on existe. Il y a des gens qui pensent qu'ils vont mourir quand leur inséparable disparait, mais moi je le sais depuis toujours qu'on n'a pas cette chance là, mon père n'a jamais murmuré à ma mère qu'on pouvait "mourir d'amour"."
"Je n'ai jamais envisagé que mon mensonge me survive. Le propre d'un mensonge, c'est d'être découvert, démasqué, pas de devenir une vérité définitive, inébranlable, insoupçonnable. La vérité d'êtres humains qui vont exister et qui n'auront jamais le moyen de savoir.(....) Alors s'il m'arrivait quelque chose - et ce jour là vous l'apprendrez-, je vous demande de tout raconter à Camille, vous êtes le seul à pouvoir le faire.(...) Répétez- lui tout. Soyez honnête. Même avec le pire, même avec mon pire. Racontez lui sa mère, ses mères. Et surtout ne prenez pas la peine de lui dire des mots gentils, des mots de réconfort. Ne vous excusez pas, ni pour moi, ni pour vous, vous n'avez rien à vous reprocher, et de toute façon, ça ne serait pas à la hauteur de son chagrin, peut être même de sa haine. Mais ne vous inquiétez pas, je suis sûre qu'elle s'en sortira, ma fille est forte, insubmersible. Comme sa mère. Et si elle vacille, cet enfant qu'elle attend l'empêchera de sombrer, faites moi confiance. Dites lui comme je l'aime, je vous en prie." Le Confident, Hélène Grémillon - éd. Folio